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Inspirations

UN PORTRAIT

C'était au cours d'un voyage à Chicago en 2011. Je rendais visite à un couple d'amis expatrié aux USA depuis peu. Annabel, connaissant mon goût pour le portrait et la photographie anthropologique, m'avait prévenu avant même mon arrivée "Il faudra que je te montre une galerie dans le centre-ville, je suis sûre que cela va te plaire". Elle ne s'était pas trompée... J'ai été subjugué par le portrait de cette indienne pris par Edward Curtis au début du siècle dernier. Un visage qui ne ment pas. Une sensation de détachement du jugement de l’autre qui nous offre un incroyable instant de vérité.

Edward Curtis, photographe, mais aussi et surtout ethnologue, a entreprit le recensement photographique de plus de 80 tribus d'indiens d'Amérique. Un travail qui structura 30 années de sa vie. L'ensemble de son oeuvre est d'autant plus remarquable quand on a conscience de l'effort et du matériel nécessaires à cette pratique il y a plus de 100 ans.

Je suis retourné à Chicago à deux reprises, prenant la peine à chaque fois de faire un détour par la galerie. L'émotion était intacte. Des instants de vie un peu suspendus où vous touchez, sans vous en rendre compte, à votre propre vérité.

Mosa - Tribu Mohave - Edward Curtis (1903)

Mosa - Tribu Mohave - Edward Curtis (1903)

 

UN LIVRE

Juste avant que je ne parte pour le Cambodge en mars 2015, une amie, Véronique, m'a discrètement glissé ce petit livre dans ma boite aux lettres pour me remercier du portrait que j'avais pris de son compagnon quelques jours auparavant, mais aussi pour nourrir ma réflexion sur mon travail photographique.

En dehors du fait que je me suis pleinement identifié dans ce phénomène d'errance que décrit Raymond Depardon, cela m'a donné l'opportunité d'approfondir la notion de distance photographique.

Depardon explique qu'il est délicat de trouver la bonne distance. Je ne peux qu'abonder dans son sens mais avec le temps je me rends compte que cette distance, même s'il faut parfois la provoquer, fini par s'imposer d'elle-même, tout particulièrement dans l'exercice du portrait. C'est le sujet qui la dicte, qui décide de son espace d'intimité, de la possibilité de nous y inviter, et à quel point nous pouvons y pénétrer.

Errance, de Raymond DEPARDON

Errance, de Raymond DEPARDON

 

UN HOMME, UNE FEMME

Tout comme des milliers d'amateurs d'images j'ai une profonde admiration pour Sebastião Salgado et son épouse Lélia. On ne peut qu'être impressionné par leur parcours, leurs convictions, leur investissement et l'ensemble de leurs réalisations, entre les nombreux témoignages sur l'humain, l'hymne à la terre dévoilé dans Genesis et la création de  l'Instituto Terra.

Sebastião & Lélia SALGADO - © Ricardo BELIEL

Sebastião & Lélia SALGADO - © Ricardo BELIEL